Ile d'Edge à l'est du Spitzberg

Voyage Spitzberg

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6 Juillet – Jour 5 – Le fjord Rouge - Moffen
Matin : ciel couvert, vent quasi nul, température 4 °C.
Après-midi : ciel couvert, pluie fine, vent d’ouest de force 3, température 3 °C
Soir : ciel couvert, mélange de pluie et neige fondante, vent d’ouest de force 4, température 3 °C.

Fjord Rouge
Position d’ancrage : 79°46,4’N 11°58’E
La nuit a été très calme dans la petite baie Holmia. Un des deux ours est parti entre 2h et 6h. L’autre s’est levé à cette heure et a marché sur la rive sous les yeux des lève-tôt. Vers 7 h, nous appareillons en direction du fjord Rouge. En premier nous débarquons sur une plage de galets. Notre objectif est de rejoindre le sommet d’une petite colline à environ 100 m de haut. La marche sur la neige fondante et profonde est très difficile : le pied s’enfonce jusqu’au genou à de nombreuses reprises et il est délicat de garder l’équilibre. Heureusement, nous trouvons un cheminement sur des surélévations rocheuses non enneigées. Le neige est plus compacte sur la partie haute de l’itinéraire et nous permet de déboucher facilement à un petit col d’où la vue porte sur une grande partie du fjord, vers le Sud. Nous rejoignons une petite crête puis le sommet de la colline avec un panorama sur l’ensemble du fjord. Le plafond de nuages, très bas, donne une ambiance typiquement polaire et de bout du monde. A la descente, Gérard nous propose de glisser sur la pente de neige. Chacun son tour, nous nous laissons descendre sur le dos ou les fesses en faisant voler la neige. L’ambiance est enfantine, tout le monde rigole joyeusement et les meilleures glissades sont complimentées.

Baie Hamilton
Position : 79°47,3’N 11°53’E
Nous revenons à bord avant le déjeuner et comme il nous reste un peu de temps, Gert, le capitaine, nous propose de visiter la baie Hamilton, où se tient une grande colonie de guillemots de Brünnich et de mouettes tridactyles. Il nous conduit dans un dédale de petits îlots avec une dextérité surprenante. Nous arrivons au pied de l’immense falaise de plusieurs centaines de mètres de haut où est la colonie d’oiseaux. Nous entendons le brouhaha intense qu’émettent les milliers de mouettes et guillemots. Autour de la falaise, des nuages d’oiseaux volent dans tous les sens et des centaines d’autres sont posés sur l’eau. Nous apercevrons aussi deux couples d’oies qui se nourrissent dans les pentes couvertes de riche végétation au pied de la falaise.
Nous continuons la navigation dans le fjord Rouge en direction d’un grand floe de banquise qui dérive lentement à marée descendante. Nous avons rapidement en vue une ligne blanche à l’horizon. Gert ralentit le navire et engage l’étrave entre les morceaux de glace éparpillés. A plusieurs reprises l’étrave bute dans l’un deux qui s’ouvre en deux sous le choc. Après une courte navigation entre les floes en grande partie fondus, nous reprenons notre navigation vers le nord.
80e parallèle Nord
Position : 80°01’N 13°03’E
Une fois sortis du fjord Rouge, nous retrouvons de bonnes conditions de navigation : brise de ouest, peu de vagues. Gert décide de hisser les voiles. Nous sommes demandés sur le pont pour tirer sur les drisses. Une par une, nous hissons les focs, la trinquette, la grand voile aurique, les huniers, soit 7 voiles en tout. Le moteur est coupé et le silence se fait. Le Noorderlicht tient plus de 5 nœuds malgré sa masse de 280 tonnes. Certains goûtent même au plaisir de barrer, mais ont bien du mal à tenir le cap ; on ne s’improvise pas skipper d’un si grand voilier en quelques minutes. Une fois notre vitesse de croisière atteinte, Gérard nous propose une conférence sur la glace en mer. Il nous explique la terminologie des glaces, la vie des icebergs, le développement de la banquise avec une animation montrant sur 12 mois comment elle évolue sur l’océan Arctique.

Moffen
Position d’ancrage : 80°00,7’N 14°30’E
Sitôt le dessert servi, Renske qui est à la barre nous annonce que Moffen est en vue. Nous sortons pour apercevoir les morses. Il y a effectivement un gros groupe de l’ordre d’une cinquantaine d’individus qui est sur le cap au sud de l’île. Le bateau contourne lentement ce cap pour se mettre à l’abri des vagues et nez au vent pour affaler les voiles. Au cours de cette manœuvre, nous voyons plusieurs petits groupes de morses venir nager à notre rencontre, poussés par la curiosité. Ils approchent jusqu’à moins de 10 mètres du bateau à la grande joie des photographes et vidéastres. Ceux-ci n’hésitent pas à braver la pluie glaciale pour enregistrer des images, au risque d’endommager leurs bijoux d’électronique high-tech.
Compte tenu de la mauvaise météo et de l’absence de banquise visible, Gérard et Gert décident de passer la nuit juste à coté de l’île pour retenter notre chance avec les morses demain matin. Gert avance d’environ un mille pour jeter l’ancre. Après cette manœuvre, un groupe de morses vient encore à quelques mètres de la coque. Une fois de plus, beaucoup sont sur le pont pour profiter de ce spectacle très surprenant.

7 Juillet – Jour 6 – Moffen, fjord de l’Amour.
Matin :.ciel couvert, pluie en fin de matinée, vent du nord de force 4, température 3 °C.
Après-midi : ciel se dégageant, vent très faible de nord, température 10 °C.
Soir : ciel partiellement dégagé, soleil, vent quasi nul, température 7 °C.

Moffen
Position d’ancrage : 80°00,7’N 14°30’E

Lever à 7 heures pour revenir voir les morses. Heureusement, il ne pleut pas et nous pouvons sortir sur le pont sans nous faire arroser. Les morses sont environ une centaine sur la plage, serrés les uns contre les autres pour se tenir chaud. Quelques un sont juste sur la grève à quelques mètres de l’eau dont un jeune qui n’a pas encore de défenses. Il n’y a pas d’activité particulière dans la harde. Le capitaine positionne le Noorderlicht juste devant la colonie. Un petit groupe est aperçu à la nage près de la pointe. Après une dizaine de minutes, ce groupe se dirige lentement du navire. A notre grand regret ils ne viennent pas aussi proche qu’hier au soir, mais nous profitons plus longtemps du spectacle.
Nous reprenons alors la navigation vers le sud. Sitôt le petit déjeuner, nous hissons quelques voiles pour profiter du vent qui nous pousse. A l’approche de la côte du fjord du Bois, Gert et Gérard la surveillent en espérant y repérer un ours. C’est Aafke qui a la chance d’être la première à en localiser un. Celui-ci semble ne pas apprécier notre présence car il part vers l’intérieur des terres en marchant assez rapidement. Au bout de deux minutes, il disparaît derrière une crête de terrain. Nous arrivons près des îles des Canards. Les eaux peu profondes et le relief plat sont propices à la nidification de quelques espèces d’oiseaux dont eiders à duvet et sternes arctiques. À l’abri des renards, les colonies souffrent parfois de la présence de l’ours polaire retranché à terre après la débâcle. Les nids sont alors pillés, la saison de reproduction anéantie. Nous passons entre ces îles tous en surveillant les côtes aux jumelles : toujours pas d’ours.
Fjord de l’Amour
Position : 79°39’N 13°13’E

La météo est de plus en plus mauvaise : il pleut encore. Après le déjeuner, nous avons la chance d’apercevoir à l’horizon une bande blanche : la banquise. Un grand floe de glace de première année barre la route. Sur cette plaque, nous localisons rapidement un phoque barbu, puis un ours et même un deuxième ours. Le premier ne bouge pas, allongé probablement près d’un trou de respiration d’un phoque. Le deuxième marche vite et accélère brutalement pour tenter de capturer un phoque mais celui-ci est rapide à plonger pour échapper à son prédateur. Gert ralenti le bateau et navigue en douceur le long du floe. Un passage étroit permet même de s’engager à l’intérieur en direction du phoque. Il s’y dirige et doit vite abandonner l’idée de rejoindre le phoque : la glace est trop compacte au bout de quelques centaines de mètres. Nous repérons un troisième ours au loin. Pour revenir sur nos pas, cela n’est pas simple car il faut casser la glace sur une largeur suffisante pour faire demi-tour. En plus un floe beaucoup plus épais, sans doute un reste d’une crête de compression barre le passage. Nous réalisons comment il est facile de se faire piéger par la banquise. Un troisième ours est aussi repéré sur ce grand floe. Pour faciliter la désignation, nous les baptisons Alfred, Barnabé et Charlie.
Texas Bar
Position d’ancrage : 79°36,7’ N 12°43’E
Nous arrivons devant une cabane nommé Texas Bar. Ce nom saugrenu a une origine qui se perd dans les brumes de l’histoire. Nous débarquons sur une belle grève de galets. L’objectif de la randonnée est de rejoindre le sommet d’une petite colline située à environ un kilomètre. Nous observons beaucoup de fleurs en cours de chemin. Au débouché d’un petit col, le paysage s’ouvre sur le fjord de l’Amour et le glacier de Monaco. Dominique a quelques difficultés pour atteindre le sommet de la colline mais avec un peu de persuasion arrive vaillamment en haut. La vue porte sur plus de 180 degrés : un beau ciel bleu sur le nord laissant le soleil éclairer le fjord et la banquise qui dérive lentement. A l’horizon les montagnes sont complètement recouvertes de neige fraîche. Vers le sud, la glacier de Monaco nous présente son front de plus de quatre kilomètres de large. De nombreux icebergs de toutes tailles en sont nés et s’étalent dans le fjord. Après avoir admiré ce panorama, nous revenons vers la cabane. Gérard nous propose d’aller voir de curieux cristaux de glace. Au bout de dix minutes de marche, nous arrivons sur une plaque de glace dans le delta d’un torrent glaciaire. Il trouve rapidement des couches formées par le regel hivernal de l’eau de fonte du glacier. Ces couches sont formées de grands cristaux disposés verticalement sur une épaisseur qui atteint plus de 30 cm en certains endroits. C’est encore une fois l’occasion d’un grand jeu : casser par son propre poids ces plaques de glace qui sont en surplomb. Pour peu, certains en auraient un bain de pied.
Nous revenons au bateau juste à l’heure pour le dîner.

Glacier Monaco
Position d’ancrage : 79°36,3’ N 12°39’E
Plutôt que de voir un film « à la télé », nous avons un programme beaucoup plus intéressant. Gert propose de naviguer en direction du glacier. Nous pourrions y voir d’autres ours et aussi la banquise et plein d’icebergs. Peu après le départ, Gérard localise une femelle avec ses deux petits sur la rive. Elle marche à un bon rythme en prenant un peu de hauteur. Nous continuons la série des noms avec Diane, puis Didi et Doudou pour ses deux oursons. Malheureusement un grand floe nous barre la voie et nous ne pouvons que les observer de loin aux jumelles. Nous repartons vers le milieu du fjord. Un phoque barbu se prélasse au milieu d’un autre grand floe. Encore une fois, impossible de s’en approcher. Gert conduit doucement le bateau entre les plaques de glace et doit même se frayer une voie au travers de temps en temps. Il arrête le moteur et nous demande de faire silence. Nous profitons alors des seuls bruits naturels : les cris des oiseaux et le petits crépitements de la glace.
Pour passer la nuit, nous venons dans la petite baie Hornbaek à l’entrée très étroite, bien à l’abri des icebergs et des grands floes de banquise.
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