Glacier Inglefield sur la côte est du Spitzberg

Voyage Antarctique

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Lundi 31 janvier
Comme prévu, nous arrivons juste devant l’île Petermann, lieu d’hivernage de Charcot avec le Pourquoi-Pas en 1909, pendant le petit-déjeuner.
Nous débarquons dans une petite anse, appelée Port Circoncision, nommé par J.-B. Charcot et dans laquelle il avait amarré son navire. L’île est encore en grande partie recouverte de neige. Nous partons dans plusieurs directions, avec des objectifs différents. Un premier groupe rejoint Tarik et Shoshanah, sur le haut d’une petite colline où se trouve une petite colonie de manchots Adélie. Cette colonie est la plus septentrionale pour cette espèce. Également, des cormorans impériaux y ont également établi leur nid. Un autre manchot nous intrigue, il s’agit d’un manchot à jugulaire qui a niché là et qui s’occupe de son jeune. Le deuxième objectif est de rejoindre la proximité d’une cabane aux couleurs vives, que les Argentins ont construit et qui peut servir de refuge de secours aux équipes scientifiques qui font des recherches dans le secteur. Une croix rappelle un évènement tragique qui a eu lieu : deux scientifiques anglais de le base de Faraday (appelée Vernadski depuis que les Ukrainiens l’ont rachetée) ont disparu lors de leur trajet sur la banquise entre ce refuge et la base. Ils ont sans doute été emportés par la dérive de la banquise. Enfin, Delphine nous a matérialisé dans la neige, avec une série de petits piquets en bois, un chemin conduisant à un promontoire rocheux d’où la vue porte sur l’autre coté de l’île où quelques gros icebergs sont venus s’échouer. La vue porte aussi sur les chaînes de montagnes de la péninsule mais les nuages nous cachent les sommets.
Pendant ce temps, les kayakeurs ont mis leurs embarcations à l’eau. La passerelle leur signale une baleine de l’autre coté du fjord. Ils essaient de prendre sa direction mais ne sont pas assez rapides pour espérer la rattraper ou la suivre.
Pendant le déjeuner, le commandant nous conduit devant la base de Vernadski, en passant dans un goulet étroit. Nous réalisons alors comment il maîtrise parfaitement la navigation précise.
Compte tenu du nombre de passagers, pendant que les russophones et anglophones sont dans la base, les francophones partent en zodiac à travers l’archipel Argentines. Au loin, un iceberg d’une hauteur considérable nous attire. Il est effectivement impressionnant et c’est surprenant de voir une telle masse de glace aussi près des rochers de la côte. Nous nous engageons dans un chenal étroit et peu profond. De chaque coté, des labbes tournent dans le ciel et nous devinons la présence de beaucoup de nids. Deux cormorans se reposent sur des rochers. Ils se laissent approcher sans véritable réaction de leur part. Sur la rive, il reste une grande quantité de neige de l’hiver dernier qui n’a pas finit de fondre. Le niveau des marées hautes est bien repérable grâce à la base parfaitement horizontale de cette congère.
Nous arrivons en vue d’une petite cabane, nommée « Wordie House ». C’est la base de recherche construite par les Anglais en 1947 et qui a fonctionné jusqu’à la construction de la base Faraday. Elle est devenue site historique et a été conservée en bon état. Nous avons obtenu la clé des Ukrainiens et pouvons donc visiter l’intérieur qui est resté tel quel depuis les années 50. Juste derrière la cabane, nous repérons trois phoques de Weddell dont un jeune. Nous restons une bonne dizaine de minutes à les regarder dormir, se gratter le ventre, se retourner et se rendormir sans qu’ils ne se soucient de notre présence.
Nous reprenons les zodiacs pour continuer par un autre chenal encore plus étroit en direction de la base. Nous sommes accueillis par l’équipe de scientifique ukrainienne qui passe plus d’un an dans cette station. Ils réalisent toujours des mesures, entre autres météorologiques et d’observation de l’atmosphère. Il s’agit de la plus grande série temporelle de mesure météo de la Péninsule. C’est grâce à ces mesures de l’atmosphère que le trou d’ozone a été découvert dans les années 80. Nous visitons les salles où sont les instruments et surtout le « pub » typiquement anglais où nous sommes invités à boire un petit verre de vodka de leur cru.
De retour à bord, nous prenons la direction du Nord, après avoir franchi la latitude la plus au sud de ce voyage : 65° 15’. Nous repassons par le canal Lemaire juste avant le dîner, mais la météo n’est pas favorable : nuages et averse de neige, si bien que nous ne voyons pas les sommets. Nous reprenons, également pour la deuxième fois, le détroit Neumayer et là aussi, nous auront une visibilité très réduite.

Mardi 1er février
Au cours de la nuit, nous ressentons un peu la houle présente dans le détroit de Bransfield. Nous arrivons en vue de Déception avant le réveil. Enfin le temps s’est dégagé est c’est sous un beau soleil que nous commençons cette dernière journée en Antarctique.
Alors que nous commençons le petit déjeuner, les officiers aperçoivent le souffle de plusieurs baleines sur notre route. Le commandant, prends la manœuvre en main et se positionne sur la trace de l’une d’elles que nous identifions comme une baleine à bosse. Petit à petit nous l’approchons et avons l’occasion de la voir respirer à environ une centaine mètres. Nous location un groupe de deux un peu plus loin et une fois encore le commandant amène le bateau juste comme il faut pour que nous puissions bien la voir sonder en levant la caudale de façon caractéristique.
Après une demi-heure de ce petit jeu, nous reprenons notre navigation vers l’entrée de la caldera de Déception. Ce passage est impressionnant, avec sa falaise constituée de superposition de couches de cendres volcaniques qu’il faut longer. Une fois dans la caldera, la mer est nettement plus calme et nous virons vers la baie des Baleiniers, dont le nom vient de l’usage qui en a été fait : elle servait de port naturel pour les baleiniers au début du XXe siècle.
Nous débarquons sur une plage de sable noir, d’où s’échappent des volutes de vapeur d’eau. De l’eau à 70 °C suinte de la plage et ensuite se mélange à l’eau de mer en se refroidissant très vite. Nous partons visiter les restes de l’usine baleinière et de la station de recherche anglaise qui avait été construite en 1944, toutes sérieusement endommagées par l’éruption de 1969. Ces bâtiments se délabrent avec le temps et les tempêtes. Considéré comme site historique, il est conservé tel qu’il est, en laissant le temps agir seul. Certains bâtiments menacent de s’effondrer. Les plus courageux montent à la fenêtre de Neptune, large brèche dans le rebord de la caldera offrant un point de vue sur l’extérieur, incluant une partie de la Péninsule. Dans la falaise sous ce col, des damiers du Cap nichent en grand nombre. Une otarie à fourrure et un phoque de Weddell se reposent sur la plage et se laissent approcher sans apparaître dérangés.
Nous nous retrouvons tous au point de débarquement pour profiter de cette eau chaude en prenant un bain pour les plus courageux. L’équipage s’est joint aux guides pour montrer l’exemple. Allongés sur la plage en maillot de bain, nous pouvons accumuler de la chaleur et aller affronter l’eau presque glacée qui se trouve quelques mètres plus loin. Cela reste malgré tout une bonne partie de plaisir autant pour ceux qui assistent à ce spectacle que ceux qui en sont les acteurs.
Nous revenons à bord en gardant des images colorées dans nos mémoires. Nous continuons à naviguer dans l’intérieur de la caldera, longue d’une dizaine de kilomètres jusqu’à l’heure du déjeuner.
Une fois à l’extérieur, nous prenons la direction de l’ouest pour contourner les Shetland du Sud, en passant près d’un rocher dont la forme évoque une voile, nommé en l’occurrence le rocher « Voile ».
Avant le dîner, Gérard nous présente « introduction à l’Antarctique » qui couvre la géologie, la calotte glaciaire, les vallées sèches et la traité de l’Antarctique.

Mercredi 2 février
Pour une fois, nous n’avons pas droit à l’habituel message de Delphine pour le réveil, mais un très bref « c’est l’heure du petit-déjeuner ».
Bien sûr pas de débarquement de prévu pour la journée, mais des conférences.
Jan, ouvre « le bal » avec l’exploration de l’Antarctique, une rétrospective des différents explorateurs qui sont partis à la recherche de ce continent qui avait été « inventé » avant d’être découvert. Il a notamment parlé de Adrien de Gerlache et de Jean-Baptiste Charcot qui ont largement participé à cette découverte.
Ensuite, Gérard nous parle de la glace en mer. Après une introduction sur les termes utilisées, il nous montre le vie des icebergs et nous explique comment évolue la banquise au cours de sa brève vie.
En cours de matinée, le vent de nord-ouest s’est levé, si bien qu’il reste des places inoccupées dans la salle de restaurant au déjeuner.
Après une sieste, Tarik nous présente les baleines en présentant leur biologie et leur mode de vie et en montrant les différentes espèces. Enfin c’est au tour de Delphine de nous faire découvrir les pinnipèdes, cet ordre de mammifères marins avec leurs spécificités liées au milieu dans lequel ils évoluent. Entre autre, nous apprenons comment les éléphants de mer ont pu être utilisés pour acquérir des données océanographiques. Enfin, elle nous fait une présentation des espèces spécifiques à l’Antarctique.
Le vent ayant monté à environ 80 km/h (force 9 beaufort) pendant l’après-midi, la mer s’est formée avec des longues vagues d’une hauteur estimée à 5 mètres. Le Plancius reçoit le vent et la vague de face si bien qu’il tangue considérablement. Heureusement cette dépression passe vite et dès l’heure du dîner, le vent retombe à des vitesses plus raisonnable autour de 40 km/h.
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