Le glacier Von Post dans le centre du Spitzberg

Voyage Groenland

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Vendredi 22 septembre,
A 8h00, le fjord du Nord-Ouest, 71°03'N, 25°53'W
Température de l’air +2 °C, de l’eau 0 °C. Distance parcourue 203 miles.
Une fois de plus le lever est bien matinal mais le spectacle qui se présente vaut bien l’effort de se lever tôt. Nous sommes entourés de montagnes d’environ 2000 mètres. Les aiguilles de rochers d’une finesse extraordinaire sont encore plus impressionnantes. Le soleil vient à peine de se lever et seulement les pointes sont illuminées d’une couleur rouge brique. Le navire ralentit sa course pour nous permettre de profiter un peu plus longtemps de cette féerie. Petit à petit le soleil remplit de lumière toutes les parois des montagnes puis le fjord lui-même. Notre commandant nous offre un spectacle dont il est le spécialiste : il approche doucement devant un immense iceberg et la silhouette du navire se dessine en ombre chinoise sur le pan de glace. Nous sommes ahuris de ces images qui se gravent dans nos mémoires.
Nous reprenons notre route pour entrer dans le fjord du Nord-Ouest. C’est le plus long de tous les bras du Scoresbysund, soit près de 200 km. Nous prévoyons de le remonter en direction de la Terre de Charcot. Cet objectif est ambitieux par le fait que ce fjord n’est pas cartographié et le glacier qui est au fond est un des plus gros débiteurs d’icebergs de la côte Est. La première partie ne pose pas de problème particulier. Ces icebergs sont présents en grande quantité mais il y a largement de quoi se faufiler entre eux. Nous mesurons l’un d’eux à 90m de hauteur, invraisemblable !
Au fur et à mesure que nous approchons de notre but, la densité de ces icebergs augmente et de plus, de la fine glace recouvre le fjord. La coque renforcée brise et pousse cette fine couche sans que cela semble difficile. Nous passons très près d’une extraordinaire falaise de gneiss de près de 750 m de haut.
La terre de Charcot est en vue mais peu avant de l’atteindre, Troels annonce qu’il sera impossible de débarquer parce qu’il y a trop de glace fraîche et que cela empêche de sortir les zodiac. Par bonheur, dans les dernières centaines de mètres, la mer est presque libre et nous pouvons donc annoncer que l’atterrissage est possible. Nous célébrons d’abord le fait d’avoir atteint ce point par une coupe de champagne qu’Anne-Marie Vallin-Charcot nous offre généreusement. Nous posons deux zodiacs et pouvons débarquer sur une petite plage de sable au pied de petites falaises de grès rose et blanc. Nous sommes les premiers touristes à atteindre ce point. Nous trouvons une marque à la peinture montrant que probablement des géographes on débarqué sur ce même cap pour construire leurs cartes.
Cette descente à terre est rapide car le chemin du retour est long et très emcombré de glaces. Troels indique au Commandant que ce n’est pas la peine d’aller jusqu’au glacier que nous devons faire demi-tour ici mais le commandant répond : « We go to the glacier, no problem ! » et il continue sa voie vers l’immense front glaciaire qui barre le fond du fjord. Encore une fois la lumière est indescriptible : les rayons rasants donnent des couleurs chatoyantes à la glace. Nous approchons lentement jusqu’à une distance d’environ 200 m et le commandant immobilise le navire quelques minutes avant de faire demi-tour et de repartir.
Les officiers ont du travailler difficilement toute la soirée et la nuit pour nous conduire en toute sécurité au travers de ce dédale de glace.

Samedi 23 septembre,
A 8h00, Fjord du Nord-Ouest et Port Charcot, 71°36'N, 26°28'W
Température de l’air +5 °C, de l’eau +2 °C. Distance parcourue 122 miles.
La nuit a été calme, car malgré la navigation délicate au milieu des icebergs, nous sommes arrivés tôt et le bateau est sagement à l’ancre devant la vallée Frederick. Peu avant de débarquer, Troels inspecte la rive aux jumelles et repère quelques bœufs musqués très près de la rive. Nous décidons de débarquer au-dessous d’eux et de tenter de les approcher. Tout le groupe part silencieusement en se cachant derrière une crête de terrain. Nous pouvons alors les approcher à quelques centaines de mètres sans les déranger. Notre présence les dérange et rapidement ils s’enfuient en courant. Un nouveau tour d’horizon aux jumelles et nous repérons un lièvre arctique non loin de là. Nouvelle approche silencieuse. Le lièvre ne semble pas inquiété par notre présence alors que nous en sommes à quelques dizaines de mètres. Le groupe s’étale un peu trop et il se sent encerclé, il regarde de toutes parts cherche à s’enfuir sans savoir décider de quel côté aller. Finalement il décide de reste au milieu de nous si bien que tout le monde peut le filmer, le photographier ou l’observer à son aise.
Comme il nous reste un peu de temps, nous pouvons nous répartir en trois groupes pour continuer la randonnée chacun à son rythme. Le groupe de Nicolas retrouve les bœufs musqués sans pouvoir les approcher. Le groupe de Gérard localise trois autres bœufs musqués, dont deux mâles qui commencent à se battre. La région est vraiment riche en faune !
La navigation dans le fjord du Nord-Ouest se termine dans des conditions quasi parfaites : ciel dégagé, pas de vent, mer d’huile et surtout encore plein d’énormes icebergs avec des éclairages tels, que les photographes ont l’index droit qui démange.
Nous arrivons alors devant Port Charcot, petite baie à l’ouest du Scoresbysund. Le commandant Charcot a utilisée cette anse comme port naturel pour ancrer le Pourquoi-Pas ? Nous débarquons dans un environnement de toundra très colorée des couleurs rougeoyantes de l’automne. Comme d’habitude, trois groupes. Les plus rapides vont jusqu’à la moraine du glacier Charcot.
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